"Les Cendres de la cruaté" de Blaise Kaptue

Publié le par Centre culturel francis bebey

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Note de lecture de Glory Huambo, Secrétaire général de l'antenne Ronde des Poètes de la ville de Douala

 

Le Cameroun et l’Afrique n’ont pas fini de faire le point sur le cinquantenaire de leur indépendance, et voilà que Blaise Kaptue assume sa plume, pour mettre à nu les cendres qui ont suivi la cruauté de ces cinquante dernières années. Nous projetant sous les décombres de l’animosité humaine, Les Cendres de la Cruauté interroge justement notre conscience morale comme l’étoffe en catastrophe l’anaphore des premières strophes de    L’Ombre de la mort :

« Enfants de la vallée des mines

 Enfants des contrées de la famine

Enfants des cités des bombes

Enfants des abus et hécatombes 

 

Enfants du pénitencier des atrocités

Enfants des tranchées de la cruauté

Enfants contraints aux travaux sordides

Enfants des rues honteuses et horribles »

A la fois engagé et dégagé, le jeune Kaptue à travers des vers lucides et translucides, stigmatise  avec prestance  et insistance tous les préjudices et injustices qui font perdre le sourire au commun des Camerounais.

 

«Rendez moi mon sourire

 

 Coincé dans un tunnel

Truffé de querelles

Sans la moindre issue

Et dans le bal des abus

 

Rendez moi mon sourire

 

Dénué d’éducation

De santé et d’émotion

Errant en un quotidien hideux

Au souffle fibreux et poussiéreux...

 

Rendez moi mon sourire

 

Mon sourire

Mon sourire

Mon sourire »

 

Fort heureusement, la multitude de turpitudes qui coûtent le sourire au jeune poète n’occulte aucunement           les éloges qu’il n’ose tarir à l’endroit de la Femme Africaine :

«.. Un gosse au dos et d’autres aux bras

Et ceux qui attendent de naître

Parfois le temps est très froid

Mais tu es caution de la foi des ancêtres

 

Parfois tu marches pieds nus dans la brousse

Le chant des hiboux ne t’inflige pas de frousse

La pluie du soleil ou les pistes de campagne

Ont pour toi la même beauté que la montagne »

 

Aussi nostalgique qu’apologique, Kaptue n’oublie pas d’où il vient, Bandjoun sa ville d’origine pour qui            il chante l’espérance :

 

« ...Terre bénie de Dieu

Héritage montagneux

Voici mon plus profond cri

Lancé afin que tu sois toujours uni

 

Terre que moule tradition et coutume

Qui émerge sous un ciel d’espérance

Et qui croît avec force et fulgurance

Que ce chant efface toute ton amertume »

 

Que dire de plus après lecture du recueil Les Cendres de la Cruauté si ce n’est merci ! Merci à Blaise Kaptue  d’être parvenu à nous démontrer que le poète peut s’insurger et fustiger tout en restant appliqué à la beauté de son art.

 

NB: "Les cendres de la cruauté", éditions Ifrikyia, 2010 

Publié dans Analyses et débats

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